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Bonjour Cécile, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Ton ouvrage « Le crowdfunding » viens de paraître dans la collection « Que sais-je » des éditions PUF. D’où t’est venue l’envie de faire cet ouvrage ? Quelles difficultés as-tu rencontré lors de sa rédaction ?

Je travaille depuis 15 ans dans le secteur culturel qui est particulièrement concerné par la problématique de financement à l’amorçage et est confronté depuis quelques années à des baisses de subventions publiques, en particulier dans certaines régions. Alors que les structures culturelles cherchent aujourd’hui à diversifier leurs sources de financement (mécénat, auto-financement, etc.), je propose, depuis 5 ans, des formations aux professionnels de la culture sur le financement participatif, qui apparaît comme un complément ou une alternative aux modes de financement traditionnels. Au-delà de cette dimension financière, le financement participatif m’intéressait également en tant qu’outil de communication et d’animation de communautés. Ayant par ailleurs commencé ma vie active dans le secteur de la finance, dresser un panorama général du crowdfunding, dans toute sa diversité (plateformes de dons avec ou sans contrepartie, prêt ou investissement), avait donc du sens pour moi. J’ai eu la chance lors de la rédaction de cet ouvrage de pouvoir m’appuyer sur les témoignages de nombreux acteurs du crowdfunding et de la culture.

Le crowdfunding faisait beaucoup parler de lui il y a quelques années avec quelques succès inattendus dans la musique ou la technologie. On semble en parler moins. Est-ce un signe de désintérêt ou au contraire cela signifie qu’il est rentré dans les habitudes ?

Si l’on se réfère au baromètre du crowdfunding publié par Finance Participatif France au premier semestre 2018, le secteur poursuit sa croissance pour le don comme pour le prêt. Le nombre de contributeurs ne cesse également de s’accroître et l’étude publiée en mai 2018 par FPF, le Crédit Municipal de Paris et la Banque Postale, sur la notoriété du financement participatif révèle des perspectives intéressantes pour le secteur. Il apparaît également comme « un financement innovant, accessible, transparent et utile », et bénéficie d’une image très positive auprès du grand public. Il me semble ainsi qu’il est rentré dans les habitudes avec 70% des Français qui en ont entendu parler. Il me semble qu’avec les innovations portées par la Fintech et la Blockchain, un champ des possibles s’ouvre aujourd’hui devant nous et que nous devrions (ré)entendre parler du crowdfunding dans les mois à venir. La loi PACTE de 2018 devrait également redonner un coup d’accélérateur au crowdfunding (plateformes d’investissement).

Et qu’en est-il dans l’édition ? Beaucoup d’espoirs étaient basés sur le crowdfunding pour financer des projets. Les éditeurs se sont-ils finalement appropriés cet outil ? Pour quel genre de projet ?

Dans le secteur de l’édition, le crowdfunding apparaît comme une opportunité pour les éditeurs qui se lancent ou ont un projet éditorial ambitieux ou « risqué », avec la possibilité de recourir à la pré-vente et de se constituer une communauté de lecteurs avant la parution des livres. S’agissant des jeunes illustrateurs, notamment ceux qui sortent d’écoles, les plateformes de crowdfunding leur offrent également une vitrine et leur permet de réaliser un premier projet éditorial. Cependant le montant moyen des collectes sur les plateformes de dons reste encore modeste (4785 EUR sur les plateformes de dons contre contreparties). Nous pouvons cependant noter des campagnes exemplaires du côté des libraires, qui recourent au crowdfunding pour des projets de création de librairies ou encore pour faire face à des problèmes de trésorerie. C’est ainsi que la librairie A Titre d’Ailes a pu compter en 2015 sur le soutien de ses lecteurs pour collecter 63 600 EUR qui lui ont permis de poursuivre son activité.

Tu as toi même fait appel au crowdfunding pour financer le projet Nord Sud. Peux-tu nous en dire plus sur ce projet ? Et sur ce que t’as apporté le crowdfunding par rapport à un autre mode de financement.

nord sud

Illustration de Elsa Mroziewicz issue du projet Nord Sud

Le projet NORD SUD est un projet transmedia porté par 2 illustratrices, Elsa Mroziewicz, Saba Niknam, un musicien, Jean Paul Le Goff, un webdesigner, Michel Ravey et moi-même. C’est une invitation à un voyage imagé et poétique à la découverte des spiritualités et des mythologies du monde. Il se décline en un livre numérique, un livre d’artiste et un court-métrage d’animation avec deux producteurs, Amopix et Ciné-Litté. Pour le livre numérique enrichi, nous avions bénéficié d’un soutien de la DRAC et de la région Grand Est. Pour le livre d’artiste, nous avons choisi de recourir au financement participatif, en partie pour co-financer ce projet mais aussi pour constituer une communauté sur un thème qui, selon nous est fédérateur, les mythes. C’est finalement la dimension « outil de communication » et « outil d’étude de marché » qui nous a avant tout intéressés.

Pour finir, en quelques mots, quels conseils donnerais-tu à un auteur ou à une maison d’édition qui souhaiterait lancer en 2019 un projet de crowdfunding ?

Je lui conseillerais de préparer sa campagne bien en amont. On sous-estime parfois le temps qu’il faut consacrer à la préparation et à l’animation d’une campagne…

Merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.

L’ouvrage est disponible à la vente en papier sur le site des PUF, via le réseau des librairies indépendantes, au format EPUB sur la FNAC et au format kindle sur Amazon.

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